Musique, s’il vous plait !
Il existe des jours finissants que j’aimerais pourtant croire éternels.
Des bribes de souvenirs les raniment au fil de mes pensées… Un début
de matinée chez Dédé ou chez Loulou, des hommes qui s’habillent,
la gare et la lente transhumance des chevaliers, les chants du marché
où les ventres ne sont pas tous bleus mais les joues souvent bien
rouges. Le défilé des hommes forts, la solennité de l’instant, la danse
des barques, les saillies de Minal et les chansons de Christian, voilà
pour le background.
Mais surtout le fracas des passes, les cris des hommes et la crispation
des corps, les marques, comme des stries sur l’immaculé, de la lance
que l’on sèche, les récriminations contre le jury quand les eaux du
canal se sont refermées sur les rêves d’un battu, tandis que miroitent
dans le courant les espoirs de celui qui reste debout.
Soudain, alors que le dénouement se précise, c’est comme si le temps
acceptait de ne filer qu’à la vitesse des rameurs… Soldats imperturbables
qui infatigablement rapprochent le dernier jouteur de son
grand rendez-vous.
Parce qu’à la fin, il n’en restera qu’un, son nom résonnera entre les
murs, l’histoire saura ne jamais l’oublier. La nuit sera peut-être tombée,
il remontera vers la mairie. Seul, mais tellement entouré. Parce que
tous ceux qui viennent se frotter au Grand Prix méritent un respect
immense et égal. Celui que l’on doit aux héros de ces époques pas
encore révolues où le combat reste une affaire d’élégance, de loyauté.
Et d’engagement.
Rémy Fière