Adieu LOULOU

Inséparables barreurs des barques de joutes de la Saint-Louis pendant plus de 20 ans, André Lubrano et Louis Molle étaient bien plus que ça. Le camarade de jeu « On avait huit mois d’écart. Loulou est né le 1er mai 1947 et moi le 19 septembre 1946. On s’est élevé ensemble. J’ai le souvenir par exemple d’un carnaval où on avait 7-8 ans, pas plus, et où Loulou était déguisé en indien et moi en cowboy… Dès qu’on pouvait, on s’amusait à jouter, sur des caisses à poissons, puis sur des negafols dans le port à nacelles… Au collège, à Victor-Hugo, on n’était pas dans la même classe, mais on revenait ensemble à la Pointe. Il n’était pas rare que l’un pousse l’autre à l’eau et qu’on arrive trempe à la maison… Ados, on se faisait évidemment au bar du Passage qu’il tiendra d’ailleurs plus tard, avec Tony Izoird et Pierrot Richard ; on était tellement pénibles (surtout Loulou !), toujours à faire une connerie, que les patrons nous mettaient régulièrement dehors » ! Le jouteur « Loulou a gagné une première fois la Saint-Louis moyens deux ans après moi, en 1964. Il avait à peine 17 ans. L’année suivante, il gagne à nouveau les moyens. C’est d’ailleurs le premier qui la gagnera deux fois parce que les « anciens », dont son frère Guy, se sont opposés à ce qu’il joute en lourds vu son âge. Cette même année, il atteint les demi-finales du tournoi du lundi. Face au Frontignanais Marty, l’un des meilleurs jouteurs de l’époque, il fait 10 passes avant que le jury ne le déclare perdant. Devant la bronca du public, Marty demande qu’on leur accorde trois passes supplémentaires. C’est je crois la seule fois où j’ai vu le jury revenir sur sa décision. Au bout de trois passes supplémentaires, il a posé les armes, reconnaissant la supériorité de son adversaire. C’était l’un des plus beaux jouteurs en termes de prestance, lance comme pavois. Et il aurait pu avoir un bien plus beau palmarès s’il avait été plus « méchant » et si après avoir été blessé au ventre par Navarette, il n’avait décidé d’arrêter sa carrière, prématurément ». Le barreur « Il a toujours eu une tradition de barreur de barques de joutes à la Pointe-Courte. Hector Marques, Jean Marciano, Jules Jouet, Marcel Jouet, Mimi Sabatier, Guy Molle… mais c’était – quoi qu’ont pu dire certains – le meilleur. Il était d’ailleurs le meilleur de nous tous dans presque tous les domaines. Sauf au foot ! (rires) C’est lui qui m’a appris à barrer. La première fois il m’a dit « vise la première « escaoume » (le tolet sur lequel on vient lier l’« estrop », la corde qui tient la rame) », le rameur du haut… Mais très vite, on n’a plus eu besoin de se dire quoi que ce soit. Ni même de se regarder. On a passé 22 Saint-Louis à barrer ensemble ». L’ami, le frère « On est resté amis toute notre vie. Quand je gagne ma deuxième SaintLouis en 1987, j’étais sur la bleue qu’il barrait déjà ce jour-là ; il a laissé la barre à Jacques Noguet et il m’a rejoint sur les bigues pour faire le tour d’honneur avec moi. Chaque fois que j’étais à ma cabane à la Pointe, il arrivait avec son scooter ; il klaxonnait « Tut, tut » ; il s’arrêtait. On commençait à discuter. Je lui proposais de boire un coup. Il me disait non… et puis il posait le casque et… on buvait un coup ! Pour la fête de la Pointe, en juin dernier, il m’a invité à manger. Une nouvelle fois. Je sais que la maison est toujours pleine à ce moment-là, avec les enfants, les petits enfants… Je sais que Ginette est très occupée avec tout ce monde et Loulou était malade. Et je lui ai dit « non, restez en famille ». Il m’a répondu, vexé. « Pourquoi toi, tu fais pas partie de la famille » ?! Il avait raison. Loulou, c’est le frère que je n’ai jamais eu ».

En Avant Partout présente ses sincères condoléances à son épouse Ginette, à ses filles, à ses petits-enfants, à ses arrière-petits enfants, à son frère Guy et à tous ses proches.